Un club en Angleterre fait figure de modèle en termes de développement durable. Manchester City ? Arsenal ? Liverpool ? Non, ce club c’est le FOREST GREEN ROVERS !
Si ce nom ne vous dit rien, il est bien connu de nos amis d’outre Manche, notamment grâce à son image verte et à Hector Bellerin, ancien joueur d’Arsenal, aujourd’hui à Séville, qui en est actionnaire.
Petit tour d’horizon.
Histoire
On peut tout de suite l’annoncer : ce n’est pas le palmarès du “FGR” qui en fait sa réputation.
Club né en 1889, soit avant tous les clubs français hormis le Havre, il tire son nom du quartier Forest Green de la petite ville de Nailsworth (5000 habitants), près de Bristol dans l’ouest de l’Angleterre. Un nom prédestiné.
Le « FGR » végète dans les divisions locales et régionales anglaises la plus grande partie de son histoire, cependant il intègre la 4ème division (League Two) et donc le 1er échelon professionnel pour la première fois, à l’issue de la saison 2016-2017.
Seulement 5 ans plus tard, le club obtient une nouvelle promotion et joue la saison 2022-2023 en 3ème division anglaise, avec des équipes telles que Bolton, Ipswich ou Portsmouth.
Malheureusement, le club enchaîne alors 2 relégations successives et démarre la saison 2024-25 en 5ème division.
Distinctions
Si le club ne brille pas particulièrement sur le plan sportif, il peut se targuer d’autres distinctions.
En effet, en 2018, le FGR est devenu le 1er club de football au monde à être certifié neutre en carbone dans le cadre de l’initiative Climate Neutral Now de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il est depuis 2017 désigné par la FIFA comme “le club le plus écologique du monde”.
Le Forest Green Rovers est également partenaire de la chaine YouTube Fully Charged, qui traite des énergies propres et des véhicules électriques, et compte aujourd’hui plus d’1 million d’abonnés.
Enfin, le club a pour deuxième actionnaire depuis 2020 le joueur Héctor Bellerín, que l’on sait tres engagé dans la protection de l’environnement.
Il figure donc tout en haut du classement de Carton Vert, et nous nous devions de passer en revue ce qui lui avait permis d’obtenir ce titre.
Actions
La politique verte du club s’articule autour de quatre pilliers: l’Énergie, le Transport, l’Alimentation et le Respect de la Nature (en ligne avec les plus gros émetteurs d’un club de foot comme énoncé dans notre article précédent).
Le Forest Green Rovers a su très tôt mettre en place de nombreuses initiatives vertes. Parmi elles :
- Panneaux solaires fournissant environ 20 % des besoins électriques annuels du club.
- Tableau d’affichage et panneaux publicitaires à LED et alimentés par une batterie chargée à l’énergie solaire.
- Tout besoin en énergie supplémentaire est livré par un fournisseur d’électricité 100 % renouvelable et de gaz neutre en carbone.
- Déplacement des supporters en groupe pour les matchs à l’extérieur avec compensatio des émissions de carbone du trajet en bus.
- Alimentation 100% vegan pour l’ensemble des joueurs et du personnel du club.
- Zéro emballage plastique.
- Terrain biologique captant l’eau de pluie et qui la recycle pour l’arrosage du terrain.
- Plantation de fleurs sauvages sur les bords du terrain pour encourager la pollinisation (et sa propre ruche !)
Un futur stade vert
Le club a lancé un projet de nouveau stade baptisé Eco Park.
Ce stade sera le plus écologique au monde. Il sera principalement construit en bois, matériau renouvelable qui emprisonne le carbone.
Le stade produira 80 % de ses besoins énergétiques grâce à des sources solaires et éoliennes. Des points de recharge pour véhicules électriques, des accès piétons et cyclistes, et des transports en commun réduiront l’empreinte carbone. Enfin, des milliers d’arbres et haies seront plantés pour promouvoir la biodiversité autour du site.
Cependant, depuis les effets d’annonce de 2017, l’attribution du projet à un cabinet d’architecture mondialement réputé, le stade et les infrastructures attenantes sont aujourd’hui toujours en construction. On peut se demander ce qu’un club de 5e division va faire d’un stade à 100 millions de livres sterling.

Au niveau des émissions de CO2, ça donne quoi?
Le bilan du club sur les cinq dernières saisons est le suivant :

Si la présentation des résultats interpelle (cercles de plus en plus petits, alors que les deux derniers bilans sont supérieurs aux deux saisons précédentes), elle est expliquée par le club :
Les saisons 2019/2020 et 2020/2021 ne sont pas représentatives car largement impactées par l’épidémie de COVID-19. La taille des cercles est donc pondérée de l’affluence dans les stades.
D’autre part, la popularité du club n’a cessé de croître depuis sa montée en League Two en 2017, et a explosé en 2022 suite à la montée en League One (troisième division anglaise). Ce qui se traduit par un plus grand nombre de supporters, de plus grandes affluences à domicile comme à l’extérieur, et donc plus d’émissions de CO2.
On soulignera donc que les émissions de 2022/23 ont baissé de 11% par rapport à 2021/22 malgré une montée en division supérieure, et de 22% par rapport à la dernière année avant COVID.
Il est cependant difficile de comparer avec un club professionel de plus grande envergure. Le comparatif du Shit Project présenté dans notre article précédent faisait état de plus de 50% des émissions dûes au transport des spectateurs. La zone d’attraction des clubs n’étant pas comparable entre un club comme Nantes et le Forest Green Rovers, le calcul de l’impact transport s’en trouve changé.
Pour donner une idée, et alors que nous constatons qu’aucun club professionnel français ne publie ses émissions de CO2, si l’on utilise les chiffres donnés dans notre précédent article sur les émissions estimées par match : chaque club émet entre 1100 (petit stade) et 5400 tonnes (grand stade) de CO2 par an, et ce en ne comptabilisant que les émissions liées à l’organisation des matchs à domicile.
Et nous sommes bien loin d’autres clubs… Le Liverpool FC publie ses émissions de CO2, et les chiffres sont tout simplement vertigineux : plus de 75000 tonnes pour la saison 2022/2023 !
En comparaison, les 65 tonnes annuelles du Forest Green Rovers sont donc extrêmement faibles (l’équivalent des émissions annuelles de 6 français).
Bravo à eux !
Conclusion
Comme dit le dicton, ce qui se mesure peut être controllé.
La déficience des clubs à ne pas pouvoir publier de manière simple et homogène (même le graphique du FGR n’est pas clair) ou encore de calculer leur empreinte, la manière dont les ligues (cf notre article sur Le Plan Carbone de la LFP) traite le sujet par dessus la jambe, ne permet pas d’y voir clair, pour des observateurs novices ou avertis.
Nous pourrions tous penser que finalement tout est permis, ce n’est que de l’affichage (et il y en a), aucun acteur ne s’en préoccupe vraiment sérieusement malgré l’urgence…
Tous? Il s’avère que l’UEFA (qui n’est pas quand même pas le lauréat du prix Nobel de la Paix) a mis en place une méthode de calcul des émissions, accessible à tous les clubs européens qui en font la demande.
Votre média Carton Vert dédiera un prochain article à décortiquer cette méthode, qui malgré son caractère non contraignant, jetterai un sacré pavé dans la mare si elle était appliquée.