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Le bilan CO2 du football

  • Dernière modification de la publication :septembre 10, 2024
  • Post category:Carton Vert
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Quel est l’impact du monde du football sur notre environnement? Premier constat: il n’existe aucune étude détaillée sur le sujet à ce jour. La plupart des études focalisent sur la transition énergétique, la réduction des GES par les grandes industries, ou alors la réduction des GES de la population en général (arrêtez de manger du bœuf enfin !)

The Shift Project a cependant décidé d’attaquer ce problème dans l’étude “décarbonons les stades”, et leur rapport intermédiaire de Mars 2024 fournit déjà de nombreux enseignements.

Conséquence du réchauffement climatique sur la pratique du football.

Selon le rapport de synthèse du GIEC de Mars 2023, certains scénarios de réchauffement climatique ont pour conséquence une impossibilité de pratiquer le football tel que cela se fait aujourd’hui (cf figure ci-dessous, scénario 4.2-5.4C).

  • En France et en Europe, le simple fait d’être dehors sera mortel entre 10 et 100 jours par an. Adieu les clubs importants du sud de la France (AS Cannes, ES Fréjus-St Raphaël, Atletico de Marseille…). Seule la Bretagne est épargnée (par la température, parce que toutes les côtes seront submergées…Rennes champion?). 
  • En Amérique du Sud, et notamment au Brésil, ça sera la même chose pour plus de la moitié de l’année voir toute l’année ! (A ce-moment là, jouer au foot ne sera surement plus une préoccupation). Pour l’un des plus grands fournisseurs de talents de la planète football, penser que le sport roi ne pourra plus se pratiquer est tout simplement dingue.
  • Les autres continents seront également impactés, et au vu de la carte ci-dessous, on peut se dire que le Canada, le Groenland, la Scandinavie, ou encore la Chine seront les futures grandes nations du football. Encore un domaine que la Chine va s’empresser de dominer!

On voit donc que la pratique du football même est directement menacée par le réchauffement climatique. A moins de vouloir construire des stades climatisés partout (cf Coupe du Monde 2022 au Qatar) ou limiter la pratique au mois de décembre, est-ce que le football existe encore quand sa pratique amateur, dans les écoles ou professionnels, n’est plus possible?

Notre sentiment à Carton Vert est que ce sport disparaîtra, soit réservé à des nantis tels les cercles de jeux, soit aux oubliettes de l’histoire, car on aura d’autres chats à fouetter. Mais comment cette industrie contribue-t-elle elle-même au problème du réchauffement?

Impact des grands événements footballistiques.

Comme évoqué précédemment, il existe peu de données sur le bilan énergétique des clubs de football et des compétitions locales. Certains grands événements communiquent cependant des chiffres (évidemment, parce qu’ils y sont obligés).

cf figure ci-dessous, extraite du Tableau 7 “Empreinte carbone de grands événements sportifs internationaux” du rapport du Shift Project:

On voit bien l’importance de tels événements. L’Euro 2016 en France a par exemple émis l’équivalent de 2.825.000 tonnes de CO2, soit à titre de comparaison les émissions de 282,500 personnes sur une année – l’équivalent d’une ville comme Montpellier ou Strasbourg.

Ces événements sont ponctuels (pour la plupart organisés tous les 4 ans) et proposent un nombre de matchs limités (51 pour l’Euro 2016, 64 pour la dernière coupe du monde au Qatar). S’ ils émettent beaucoup de CO2 pour si peu de matches, c’est principalement dû au déplacement plus lointain des supporters, la construction de nouveaux stades et/ou infrastructures de transport et de séjour (routes, aéroport, hôtellerie). La nature ponctuelle de ces événements ne permet pas de les comparer, même si Carton Vert établira un article (car la FIFA en tant qu’organisateur, a son rôle à jouer).

Il convient donc de s’attarder sur les événements locaux, plus facilement mesurables, grâce  à leur fréquence plus importante.

Impact des championnats

La Ligue 1, en comparaison, c’est 306 matchs par an (formule à 18 clubs). La saison 2022-2023 a rassemblé plus de 9 millions de spectateurs dans les stades (20 clubs, 380 matchs au total) soit 24.000 spectateurs en moyenne.

En prenant une moyenne à 120 tCO2e pour 24.000 personnes (65 tCO2e pour 15.000 places et 180 tCO2e pour 35.000 places), on arrive à un total de de plus de 45.000 t CO2e pour la saison dernière. Soit l’équivalent de 4.500 habitants sur une année.

Si l’on fait cette analyse pour chaque championnat dans le monde, on arrive à plusieurs millions de tonnes de CO2 émises chaque année.

Cela peut paraitre peu omparé

Les autres sources d'émissions

Le football cause des émissions par bien d’autres biais que ceux cités ci-dessus: 

  • Les équipements: tenues et ballons sont produits par des industries intensives en émissions et sont très peu recyclables.
  • Les déplacements des joueurs pour l’entraînement.
  • Les déplacements réguliers des recruteurs sur tous les continents pour superviser les pépites de demain.
  • Les retransmissions TV des événements qui nécessitent le déplacement de cars régies, du personnel et qui sont de gros consommateurs d’énergie.
  • L’entretien des stades.
  • Les émissions “hors scope” liées au train de vie des joueurs professionnels et du staff.
  • La publicité

Et si l’on a tendance à s’attarder sur le monde professionnel pour lequel près de 300.000 personnes se déplacent au stade tous les week-ends en France, il faut également considérer le monde amateur pour lequel des millions de joueurs, éducateurs et accompagnateurs se déplacent (pour la plupart en voiture) afin d’assister à chaque entrainement ou compétition.

Il est difficile d’évaluer avec précision les émissions résultant de ces catégories à ce jour, mais Carton Vert s’efforcera de les estimer au mieux dans de prochains articles.

Quelle conclusion ?

Le bilan carbone du monde du football est conséquent. Chaque match joué contribue au réchauffement climatique et contrairement à d’autres domaines, l’aspect environnemental du ballon rond ne semble pas encore faire réagir les foules.

Dans notre prochain article, nous nous attarderons sur les actions mises en place par les diverses instances footballistiques pour réduire l’empreinte environnementale de ce sport et tenteront d’évaluer leur efficacité.

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