Le respect de l’environnement, et de façon plus générale les critères de Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) sont pris en compte par la LFP au travers de la licence club.
La licence club, qui permet à un club de s’inscrire à une compétition professionnelle de football en France, est soumis à des conditions d’obtention. De nombreux critères sont évalués selon un barème de 10,000 points au total. Un club de Ligue 1 doit obtenir une note minimale de 7,000 points pour obtenir le précieux sésame ; un club de Ligue 2 6000 points.
Alors que la part RSE ne comptait que pour 220 points (2.2%) lors de la saison 2022-2023, la LFP a décidé d’augmenter cette proportion à 1000 points (10%) pour la saison 2023-2024.
“Une augmentation sérieuse, mais que contient ce barème en fait, Jamie ?”

Sur ces 1000 points, 250 sont attribués pour la responsabilité sociétale et 750 pour la responsabilité environnementale à laquelle s’est intéressé Carton Vert.
750 points sur 10,000 points alors que la pratique du sport elle-même pourrait être mise à mal par le réchauffement climatique (ref. notre article précédent) avec en France jusqu’à 10 jours par an où être dehors devient mortel. Apparemment le championnat de Ligue 1 ne pourra se pratiquer qu’en Bretagne. Peut-être la chance pour Brest de gagner le championnat ?


Cette méthode de prise en compte des critères environnementaux permet-elle vraiment d’influencer les clubs afin de réduire leur empreinte écologique ?
Impacter les droits TV : une bonne idee mais...
La LFP annonce que la distribution des droits TV est conditionnée par l’obtention de la licence club.
Ce qu’elle ne dit pas par contre, c’est de quelle façon.
Pour commencer, aucun critère n’est éliminatoire dans l’obtention de la licence. Un club peut polluer autant qu’une centrale à charbon mais obtenir sa licence. De même, ne pas obtenir sa licence ne veut pas dire zéro droits TV !
Le calcul de la répartition des droits TV se fait de la manière suivante :
- De 0 à 700 M€ brut de droits domestiques (et jusqu’à 6,5 M€ de l’international), les droits sont répartis en suivant une base fixe commune à toutes les équipes (30% du total), puis la licence club (20%), le classement sportif (30%, dont 25% pour la saison en cours et le reste des performances sur cinq ans), et la notoriété, enfin (20% du total).
- Au-delà de 700 M€ bruts de droits domestiques et 6,5 M€ de l’international, le critère de licence club n’intervient plus.
Ce sont donc :
- 20% de 706.5 M€, soit 141.3 M€ maximum qui sont en jeu.
- Soit 7.85 M€ par club en ne prenant en compte que les 18 clubs de L1 (il faut dire que les droits TV en L2 ne font pas rêver…).
- Et donc, sur ces 7.85 M€, seulement 588,750 euros de revenus, par club, sont directement impactés par les critères environnementaux (750 points sur les 10,000 points de la licence).
En tout et pour tout, 1.5% des revenus de droit télé sont indexés à la performance RSE, et en fait, les clubs pourraient ne pas les respecter et toujours toucher la Licence Club de la Ligue.
Clairement insuffisant selon nous.
Regardons tout de même regarder si les clubs jouent le jeu malgré le peu de pression financière les incitant à prendre des mesures. Mais avant cela, nous voulions vous montrer à quel point ces critères et le barème de points associé n’ont que peu de sens dans la lutte pour un football propre.
Des critères ni pertinents ni suffisants
Les critères de responsabilité environnementale adressent des enjeux écologiques évidents. Cependant la pertinence de ces critères ainsi que leur proportion dans le barème global peuvent poser question.

On a vu dans notre précédent article que la principale source d’émissions de CO2 pour un club et son stade, et de très loin, est le transport des spectateurs (62%). Mais aucun des critères environnementaux de la licence club n’est lié à cette problématique !
Ensuite, la récupération des eaux pluviales compte par exemple pour 20 points seulement. Alors que le manque d’eau est un enjeu majeur des décennies à venir, et que le Stade Rennais par exemple a consommé plus de 30,000 m3 d’eau pour l’arrosage des terrains en 2022 (source Ouest France), on peut se demander comment une mesure aussi écologique que la récupération des eaux de pluie ne pèse pas plus dans la balance ?
Alors que dans le même temps, la réalisation d’un bilan carbone ou la réalisation d’un bilan énergétique récoltent 100 points chacun alors qu’ils ne permettent pas concrètement de faire baisser l’empreinte écologique d’un club !
Le tableau ci-dessous résume bien l’incohérence entre les critères selectionnés par la LFP et ceux qui comptent vraiment dans l’emprunte carbone d’un club.

En conclusion
Ces critères semblent donc totalement inefficaces.
Et alors que nous avions souligné “l’effort” de la LFP d’avoir augmenté la proportion des critères de 2.2% à 10% du total de points la saison dernière, nous sommes clairement déçus de voir que les critères RSE pour la saison 2024-2025 comptent encore une fois pour 10%. Le gâteau des droits télé ayant baissé fortement, ni la carotte ni le baton de la Licence LFP risque de peser dans la balance des plus riches clubs de la Ligue 1.
Aucune amélioration en vue… Merci la LFP.